lundi 15 juin 2009

Macbeth de Verdi

Macbeth, à l’origine une tragédie de Shakespeare, est l’histoire d’un homme à l’ambition démesurée, manipulé par son épouse, dont les remords et l’aveuglement causeront la perte. Macbeth et Banco sont des seigneurs d’Écosse qui, à leur retour d’un combat victorieux, rencontrent des sorcières dans la forêt. Celles-ci prédisent que Macbeth sera fait seigneur de Cawdor puis qu’il deviendra roi alors que Banco, lui, engendrera des rois. Suite à la réalisation de la première prophétie, Lady Macbeth encourage son époux à assassiner le roi qui vient les visiter et ainsi permettre à la deuxième prophétie de se réaliser. Un assassinat ne venant pas seul, Macbeth doit faire assassiner Banco et son fils s’il ne veut pas risquer d’être détrôner par la descendance de son ami. Tandis que le fils s’échappe de justesse, Macbeth est terrifié par l’apparition du fantôme de son ancien compagnon d’arme. Macbeth est déchiré entre le remords et le désir d’anéantir les armées qui se lèvent contre lui. Il se sent cependant invincible car les sorcières ont juré que rien ne lui arriverait tant que la forêt de Birnam ne marcherait pas sur son château. Lady Macbeth, tourmentée par ses mains salies du sang d’innocents, est prise de somnambulisme, puis meurt. Macbeth confronte l’arrivée d’une armée camouflée par les branchages de la forêt de Birnam. Il meurt à son tour, après la réalisation de la troisième prophétie.

Lord Macbeth et Lady Macbeth (Crédits photo : Paul Blondé, Polyphoto)

Cet opéra ne suscite certes pas la même émotion que la Bohème, par exemple, puisqu’il s’agit d’un règlement de compte « musclé » entre des hommes finalement tous avides de pouvoir. En effet, lorsqu’à la fin de l’opéra le nouveau roi monte sur le trône, rien ne le différencie de Macbeth, ni physiquement, ni par les moyens utilisés pour la prise de pouvoir. Cependant, l’orchestration est particulièrement réussie (livret musical de Verdi) et élève cette histoire au même degré de complexité psychologique que l’œuvre de Shakespeare. Les remords de Macbeth, le dégoût d’elle-même de Lady Macbeth ainsi que l’attente des tueurs de Banco dans la forêt font partie des moments musicalement forts qu’offre cet opéra. Plus particulièrement, le désespoir mêlé d’espérance des hommes qui attendent de retrouver un roi légitime est singulièrement touchant et rappelle des situations actuelles d’hommes sans pays que l’on tente d’éliminer du monde des vivants (Tibétains, Palestiniens…). La forte présence musicale de Lady Macbeth contribue d’une façon très enrichissante au récit et bien que l’on ne désire pas s’identifier à elle, cette femme impose et impressionne. Elle et Macbeth ont brisé la vie de plusieurs personnes mais, au moins, nous nous consolons en pensant qu’eux sont rongés de l’intérieur par leur faute, alors qu’aujourd’hui présidents corrompus de compagnies ou de pays ne se donnent même pas cette peine.

La mise en scène sobre permettait très bien de rendre l’atmosphère un peu lourde de la tragédie ou encore l’apparition du fantôme astucieusement évoquée par une lumière rouge. Il est cependant dommage qu’elle ne respecte pas certaines règles de décorum, comme faire monter la reine sur une table, de l’habiller en cocotte ou encore de présenter l’armée du XIe siècle en uniforme de la Première Guerre mondiale. Toutefois je vous recommande d’aller faire par vous-même l’expérience de cet opéra qui saura garder votre attention jusqu’à la fin.

Raphaelle Occhietti

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