Sumi Jo (Crédits photo : Richard Template, New York Times)
Le concert débute par la Symphonie no 101 de Joseph Haydn, dite « L’Horloge ». Ce morceau nous fait apprécier à sa juste valeur l’orchestre Symphonique de Montréal. En effet, celui-ci nous transmet l’harmonie du groupe par la musique jouée. Par le frémissement qui parcoure l’ensemble des musiciens répondant à celui de la baguette de Kent Nagano, nous ressentons la symbiose exceptionnelle entre les deux partis. C’est sur le Exsultate jubilate (A vos souhaits !) de Mozart que Sumi Jo fait son entrée mémorable. Elle arbore une robe de sirène au bleu étincelant qui nous laisse la bouche ouverte : nous sommes en présence d’une diva. Originaire de Corée du Sud, après avoir étudié le chant à Rome dans les années 80, Sumi Jo parcourt les opéras du monde entier pour interpréter airs célèbres (notamment la Reine de la nuit – La Flûte enchantée, Mozart) et opéra français (Offenbach). Elle fait preuve sur scène d’une présence magnétique et envoûtante. (voir Maxwell)
On qualifie Sumi Jo de soprano colorature. Soprano, car sa voix est à une tonalité la plus aigüe et légère. Colorature, car sa voix est particulièrement agile et est capable d’une grande facilité à vocaliser. L’opéra baroque italien et le bel canto (airs d’opéra de Rossini, Bellini, Donizetti) exigent de ses interprètes féminines ces caractéristiques. Après l’entracte, nous pouvons à nouveau pleinement profi ter du talent de l’Orchestre Symphonique, avec le morceau d’ouverture de La scala di seta de Rossini. Kent Nagano dirige ses musiciens sans fi oriture mais de manière directe, subtile et avec passion. Puis revient Sumi Jo, cette fois vêtue d’une robe ample, pareille à une feuille d’or. Elle interprète cette fois-ci un extrait de Linda di Chamounix de Donizetti, « O luce di quest’anima ». Elle conquiert le public par ses oscillations de voix ainsi que par sa capacité à tenir les notes les plus aigües de manière a fi ger le temps autour d’elle.
Finalement, dernière partie du programme : l’ouverture de l’opéra Norma, de Bellini. L’ouverture est magistrale ; ébahis, les spectateurs s’étonnent d’avoir gardé la bouche ouverte pour la durée de l’air. Nous avons droit à deux autres extraits de Bellini chantée par Sumi Jo : « O ! Quante volte » (I Capuleti e i Montecchi) et « Qui la voce… vien diletto » (I puratini). Sumi Jo confirme sa réputation de grande diva des temps modernes et sublime le public. Une complicité apparente s’établit entre le chef d’orchestre, heureux de diriger, et la soprano. C’est un cadeau de quatre rappels que ceux-ci nous offrent. Une troisième robe fait son entrée, aux couleurs du soleil couchant, portée par une Sumi Jo souriante et enjouée qui interprètera à tour de rôle : « Ah vos jeux, mes amis » dans Hamlet par Thomas, « Quand le printemps arrive » de Lim Kungsu pour la réunification de la Corée, « L’air de l’Olympe » des contes d’Hoffman (Kent Nagano se prêtera au jeu et ira remonter mécaniquement Sumi Jo sous les rires et la bonne humeur du public), et fi nalement « O mio babbino caro » de Puccini. Après le comique, Sumi Jo nous prouve qu’elle sait chanter un air délicat et qu’elle sait nous faire passer une émotion subtile. Cela confirme son réel talent et sa passion musicale.
Sous les vivas et bravos de la foule, la soprano et le chef d’orchestre se sont exprimés en français devant un public conquis et charmé par la beauté de la musique et la qualité de l’interprétation.
Raphaelle Occhietti et William Sanger
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