Shéhérazade
Musique de Rimsky-Karsakow, chorégraphie de Mikhail Fokine. L’histoire prend place dans un harem au temps des Milles et une nuits. Zobéide (Lucia Lacarra), la favorite du Shah Shariar, se sent délaissée par le souverain, et le suspecte de rechercher les faveurs d’une autre. Laissant Zobéide avec les autres femmes du harem aux parures de couleurs et aux hanches endiablées, plusieurs esclaves viennent rejoindre les femmes et prennent part à une véritable ode à l’amour (lire ici orgie pure et simple). Zobéide est quant à elle rejointe par un esclave d’or, se séduisant mutuellement, pour terminer en une danse sensuelle, les deux s’abandonnant l’un à l’autre.
Le Shah apparait, rejoint par son frère haineux. Les gardes sont appelés, et assassinent femmes et esclaves du harem, y compris l’esclave d’or de Zobéide. Prise de désespoir, elle se suicide au pied du Shah. Cette histoire marque le début des récits des Milles et une nuits, car le Shah passera par la suite chaque nuit avec une femme différente, les tuant au soleil levant, pour ne pas qu’elles puissent le tromper. Shéhérazade sera la seule à le captiver par ses récits qui continuèrent nuit après nuit, jusqu’à vaincre sa jalousie et conquérir son amour.
Le ballet est magnifique, la musique de Rimski-Karsakov réussissant à transmettre de fortes émotions, soutenue par une mise en scène à l’érotisme éblouissant.
Zobéide, crédit photo : Wilfried Hösl
Les Biches
Musique de François Poulenc, chorégraphie de Bronislawa Nijinska. Côte d'Azur, un après midi. Trois sportifs français sèment le trouble dans l’esprit encore innocent des biches, ces demoiselles aux allures pures et sensibles. Mais derrière cette façade délicate se cache aussi une terrible envie de conquérir physiquement le cœur et le corps des trois sportifs, dont l’un est épris par une mystérieuse hôtesse de la villa à la grâce distinguée.
L’histoire n’est qu’un prétexte à une chorégraphie explorant toutes les possibilités des ballets classiques, et reste quelque peu creuse par rapport au ballet précédent. La chorégraphe russe Nijinska n’étant autre que la sœur du célèbre Nijinski qui marqua l’histoire du ballet, on ne pouvait s’attendre à une performance autre que techniquement parfaite de la part des danseurs et danseuses.
Les Biches, crédit photo : Wilfried Hösl
Once Upon An Ever After
Le clou de la soirée ! Une véritable surprise visuelle et auditive, poignante d’émotions et au modernisme inattendu. Chorégraphie de Terence Kohler et musique : la Symphonie pathétique de Tchaïkovski.
À travers les différents thèmes du ballet classique (l’éternité, le cœur brisé, les créatures de la nuit, le réveil, la valse compulsive, le classicisme symphonique, l’éternel cygne et pour finir l’éternité) nous retrouvons les personnages de Giselle, le Lac des cygnes et la Belle au bois dormant, figures dominantes du ballet dit «classique». Chaque tableau propose un décor original, exploitant à merveille la musique de Tchaïkovski, tantôt dans les moments de désespoir ou de renouveau.
La mise en scène est originale et innovante, désacralisant quelque peu cette forme très codifiée de l’art dramatique, certaines danseuses enfilant leur tutu sur la tête, se faisant pour l’occasion une auréole florale. La foule réserva ses plus chaleureux applaudissements pour cette dernière création, allant même jusqu’à une ovation debout de la part de l’ensemble du public après de nombreux rappels.
Le Bayerisches Staatsballett a véritablement réussi à rendre hommage au 100ème anniversaire des Ballets Russes, avec une programmation de trois œuvres variées, allant d’un grand classique en Shéhérazade à une ode au classicisme du genre avec Les Biches, tout en passant par une performance moderne et originale avec Once Upon An Ever After. Bravo aux danseurs, qui réussirent à combler l’audience de par leurs exploits sur scène, ainsi qu’au chef d’orchestre Valery Ovsianikov qui sus délivrer une performance soutenue et d’une exécution de grande justesse lors des trois spectacles.
Par William Sanger